Serge Wilfart est un chanteur lyrique, fondateur de la méthode de Pneumaphonie qui porte son nom. Né à Templeuve en Belgique (Hainaut) le 6 septembre 1941, il est décédé à Autun le 14 juillet 2019. Au cours de ses études, il découvre le chant, en chorale et en soliste. Il décide d’étudier la musique au Conservatoire de Tournai et obtient les premiers prix en solfège, histoire de la musique, diction, déclamation, art dramatique, chant et art lyrique. Il poursuit alors en niveau supérieur au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles et obtient les premiers prix de solfège, d’histoire de la musique, de chant et d’art lyrique.
Pendant treize ans, il suit une carrière lyrique en France, en Belgique et en Hollande. Insatisfait de ses prestations musicales qui fatiguent sa voix, il s’interroge sur la question vocale. Sa rencontre avec André d’Arkor le remet « dans sa voix » et lui permet quinze jours plus tard d’obtenir un premier prix d’art lyrique.
Cependant, l’intense sensation de saturation, la dispersion du répertoire, l’impression de chanter avec une voix ne lui correspondant pas réellement, tout cela éclipse ses motivations et le laisse dubitatif. La remise en question de sa voix entraîne alors un effondrement de tout ce qui avait été fabriqué auparavant. Il vérifie sur lui-même le principe qui s’imposera plus tard, selon lequel nous entrons à l’âge adulte avec une voix qui n’est pas la nôtre. Sa personnalité doit alors se reconstruire sur des bases assainies, motivées par la quête d’une manière d’être qui supplante le paraître.
La proposition d’un poste d’enseignement marque le tournant de sa carrière. Refusant le principe de sélection par lequel un professeur ne choisit que ceux qui « ont une voix », il accepte tous les candidats au cours de chant. Pourquoi celui dont la voix parle serait-il privé d’une voix qui chante ? Voilà la question qui lance sa recherche. La voix parlée n’étant qu’une séquence de la voix chantée, il profite de la pédagogie du chant pour remettre en place tout le système pneumophonique. Son réflexe d’intervention n’est plus esthétique mais éthique, c’est-à-dire répondant à la construction juste de l’édifice personnel. Dès la production d’un son, il tente d’en comprendre les logiques internes et musculaires afin qu’au travers de la statique du corps, toute l’échelle des harmoniques graves et aigües soit rétablie par le travail couplé de la respiration et de la phonation. Installé en France, il enseigne pendant vingt-cinq ans au Conservatoire de Roubaix
« L’expérience n’est entièrement compréhensible que pour ceux qui s’y sont prêtés. En effet, la rigueur et la répétitivité des exercices, plus spontanés que l’exécution d’un air chanté, permet d’éprouver les sensations intérieures de découverte, d’épuisement et de sérénité. » (« Le Chant de l’Être » Albin Michel p. 20-21)
Dépassant les limites de l’enseignement du chant, il valide sa méthode en l’appliquant aux défaillances phoniques des personnes dont la profession exige une voix projetée (enseignants, avocats, comédiens…). À l’université de Lille 3 et à l’université de Mons il met au point une méthode de correction des accents (l’expérience est validée avec cinquante-cinq nationalités différentes).
Pour amplifier sa démarche pédagogique, il travaille avec le Maestro italien Abrami avec lequel il développe sa voix telle qu’il l’espérait. Mais ce résultat est acquis selon lui par une approche trop extérieure. Il convient de le compléter par un travail plus précis : la prise de conscience de cette mécanique intérieure qui permet de partir seul en quête de sa propre voix. Pendant quelques années un professeur allemand lui fait découvrir une méthode plus analytique de rééducation respiratoire qui consolident et stimulent ses découvertes.
Alors seul, il poursuit la structuration de ses recherches. Il constate la reconstruction de sa colonne vertébrale, l’épanouissement de sa respiration et le remodelage de son enveloppe corporelle. À nouveau, pendant vingt-cinq ans, il propose à ses élèves de partir en quête d’eux-mêmes et de vivre cette tâche jamais achevée : celle de prendre la pleine responsabilité de leur voix et de leur vie intérieure.
Dans le souci de transmettre ses recherches, il dépose la Méthode Serge Wilfart®, dite de « Pneumaphonie® » et crée l’AISW – Association Internationale de Pneumaphonie Serge Wilfart – en Octobre 2015. Déployée dans plusieurs pays (France, Belgique, Italie, Espagne, Luxembourg, Royaume Uni, Portugal, Québec, Guadeloupe, Argentine), cette méthode est, selon les témoignages, reconnue pour son effet bénéfique sur la santé.
Bibliographie :
Serge WILFART, Le Chant de l’Être, Paris, Albin Michel, 1997. Ouvrage vendu à environ 50.000 exemplaires. Traduit en allemand, italien, espagnol, portugais.
Serge WILFART, L’Esprit du Chant, Paris, Albin Michel, 1999. Ouvrage vendu à environ 8.000 exemplaires.
Articles de presse :
France, Italie, Espagne, Belgique, Québec, Guadeloupe, Argentine.
Enregistrements : Le Devin du Village, J.J. Rousseau, Firme Aryon.
Mises en scène :
L’Arche de Noé de Benjamin Britten, Bastien et Bastienne de Mozart.